Il se trouve que dans notre beau Val d’Hérens, on n’a pas de sommet de plus de 4000m qu’on peut facilement gravir en ski de rando. On a bien le Pigne d’Arolla qu’on fait en ski à la journée (voir même à la matinée 😉 ) plusieurs fois par saison… Mais malgré le magnifique panorama depuis son sommet, il ne culmine “qu’à” 3787m d’altitude lol. Il lui manque 2-300 mètres de hauteur quoi 🙂

Voilà donc ce qui nous amène au Bishorn qui se situe dans la vallée voisine: le val d’Annivier. C’était plus une idée de mon voisin David (avec qui je fait beaucoup de ski de rando) qui avait le projet depuis longtemps de faire le Bishorn à la journée depuis Zinal. Il avait cette sortie dans les tiroirs depuis des années mais n’avait simplement pas eu encore la bonne occasion de la faire. Evidemment, comme je ne suis en général pas très difficile à convaincre (d’autant plus que c’est mon 1er 4000m à ski), il nous a suffit d’avoir les bonnes conditions pour nous lancer dans l’aventure 🙂 .
C’est ainsi qu’en cette fin Avril 2025, une semaine après les énormes chutes de neige qui onts causés de gros dégâts dans notre région, on se lève de très bon matin pour entamer notre journée depuis Zinal à 6h du mat en direction de la cabane de Tracuit.
Note: il est aussi possible de monter au Bishorn depuis la cabane de Tourtemagne, mais ce n’est pas le sujet de cet article.
- Dénivelé: 2600m de d+ pour 13 kms de montée
- Cotation ski de rando: même cotation pour la cabane de Tracuit et le Bishorn depuis la cabane: PD / 2.2 / E1. Si vous n’êtes pas certain de savoir que représentent ces cotations, tout est détaillé dans cet article.
- Durée: Attention cette sortie se fait en général sur 2 jours avec nuitée à la cabane de Tracuit. Il faut avoir une très bonne endurance pour envisager faire cette sortie à la journée. En général, on dit qu’il faut compter 5-7h depuis Zinal jusqu’à la cabane de Tracuit puis 3-5h jusqu’au sommet du Bishorn. De notre côté on a mis 4h jusqu’à la cabane de Tracuit et environ 2h30 de plus jusqu’au sommet du Bishorn.
- Liens utiles: cabane Tracuit camptocamp, Bishorn camptocamp, cabane Tracuit, cabane Tracuit CAS, Bishorn CAS
Au risque de me répéter, au-delà des belles photos et vidéos de descentes dans la poudreuse, le ski de rando est un sport qui comporte des risques (terrain alpin, avalanches, météo, chutes). Assurez vous d’avoir les connaissances, l’endurance, le niveau de ski et le matériel nécessaire avant de vous lancer dans des courses trop engagées (en l’occurrence dans ce cas précis, surtout l’endurance 😉 ).
Si vous avez des doutes, lisez d’abord cet article où je partage mon expérience depuis que je me suis mis au ski de rando. Je parle notamment des compétences nécessaires, de la sécurité, du matériel indispensable et de plein d’autres aspects de ce sport.
Enfin je ne suis certainement pas un expert en ski de rando et j’ai simplement envie de vous partager mon expérience pour vous inspirer et vous donner des idées de sorties à ski. Mais cela ne doit pas vous empêcher de vous faire vos propres expériences, de remettre en doute ce que je dis dans ces articles et de renoncer si vous ne la sentez pas.
Pourquoi le Bishorn plutôt qu’un autre 4000m des alpes valaisannes?
A mon avis, l’intérêt de monter au Bishorn plutôt que de choisir un des 4000m accessible en ski autour de Zermatt et Saas Fee (comme l’Allalinhorn, l’Alphubel, le Strahlhorn, le Breithorn ou encore les sommets du massif du Mont Rose), c’est le fait qu’il n y ait pas de remontées mécaniques aux alentours.
Alors certes ça fait pas mal de dénivelé à grimper pour atteindre le sommet mais ça limite aussi un peu le monde qui se trouve là-haut (ça reste un classique donc en pleine saison il peut y avoir du monde 😉 ). Et puis, comme vous allez le constater sur les photos ci-dessous, le cadre est magnifique et préservé… bien différent de ce qu’on peut voir autour de Zermatt et Saas Fee.
De Zinal à la cabane de Tracuit
D’après mes recherches il y a deux itinéraires que les randonneurs à ski empruntent pour monter à la cabane de Tracuit depuis Zinal:
- Par le sentier d’été qui monte directement au Roc de la Vache: Ce n’est pas l’itinéraire recommandé car il passe par des endroits très exposés. Mais en fin de saison lorsqu’il y a peu de neige jusqu’au Roc de la Vache, c’est un chemin bien plus direct à pieds en portant les skis.
- En contournant le Roc de la Vache par le fond du vallon de la Lé: C’est l’itinéraire recommandé en hiver et c’est celui qu’on a choisi vu la quantité de neige qu’il y avait encore en cette fin de saison (25 Avril on a mis les skis à la voiture). Par contre en distance c’est beaucoup plus long!
Alors comme je le disai, on attaque de bonne heure (6h du mat) le long de la rivière la Navisence. On est surpris en bien vu qu’on peut encore tout juste mettre les ski dans le vallon. Par contre ça tire un peu en longueur et sur les 5 premiers kms de distance, on monte à peine 3-400m de dénivelé.
La bonne (et à la fois mauvaise) surprise de la journée, c’est qu’à partir du Vichiesso, il y a environ 10 cms de neige fraîche et qu’on est évidemment les premiers à passer. Comme pour nous c’est la 1ère fois qu’on monte à la cabane de Tracuit par ici, ça ne nous aide pas à trouver le chemin le plus facile et on doit aussi faire la trace… (en général ça ne m’embête pas trop de faire la trace mais quand il s’agit de la faire depuis Zinal jusqu’au sommet du Bishorn, c’est une autre histoire). Heureusement que David était en grande forme ce jour là car il a fait la trace pratiquement jusqu’en haut!
A la jonction avec le vallon d’Arpitetta, on traverse le pont pour revenir en arrière pour nous diriger vers l’alpage de Tsijère de la Vatse. Devant nous, le soleil se lève enfin sur la Dent-Blanche et le Grand-Cornier, qu’on a plutôt l’habitude de voir depuis le val d’Hérens.




C’est depuis là qu’on commence vraiment à grimper. On monte en diagonal d’abord par l’alpage d’Arpitetta puis par celui de Tsijère de la Vatse pour rejoindre un petit col au Sud-Est du roc de la Vache.


Une fois au col, on voit pour la 1ère fois la cabane Tracuit qui paraît encore bien lointaine… et on se rend aussi compte qu’on va devoir descendre un petit peu (genre 50m de d-) pour aller traverser le torrent du Barmé (ça ne vaut pas trop la peine d’enlever les peaux à mon avis).

Depuis là il reste mine de rien encore 700m de d+ jusqu’à la cabane. La 1ère partie de la montée est plutôt tranquille mais plus on se rapproche de la cabane de Tracuit, plus ça grimpe sec. Et puis avec l’altitude qui commence à se faire sentir, on ralentit forcément le rythme 😉 .
Mais bon, on passe doucement au-dessus du niveau des nuages et les paysages sont juste incroyables. Juste avant le col de Tracuit, il y a un petit passage un peu raide et serré muni de chaînes où vous devrez peut-être enlever les skis pour rejoindre l’arête. Mais rien de bien méchant et la cabane se trouve juste derrière pour une petite pause bien méritée.






De la cabane de Tracuit (3256m) au sommet du Bishorn (4151m)
On arrive à la cabane peu après 10h et on prend le temps de faire une bonne pause avant d’attaquer les 900m de d+ qui nous séparent encore du Bishorn. Depuis la terrasse, on a notre objectif en ligne de mire et on peut voir exactement où on devra passer pour atteindre le sommet.
Enfin je dis “exactement” mais il y a en fait 2 itinéraires pour atteindre le sommet du Bishorn:
- Le versant NW (PD / 2.2 / E1): C’est la voie normale depuis la cabane de Tracuit et sans difficulté (si ce n’est l’altitude bien sûr).
- Le couloir W (TD / 5.2 / E3): Couloir bien visible depuis la cabane aussi qui monte entre la face rocheuse et le glacier. Par contre c’est bien plus difficile et très exposé 😉 . Plus d’info sur cet itinéraire sur Camptocamp.

Vous l’aurez deviné, comme c’est la 1ère fois qu’on monte au Bishorn, on a choisi la voie normale. On commence déjà par traverser le glacier de Tourtemagne, toujours en faisant la trace. On va vraiment tout droit presque jusqu’au petit col au sud du point 3543 avant d’attaquer la montée du versant NW.
De mon côté, l’altitude et la fatigue commencent à se faire vraiment sentir! Je laisse filer David devant moi et j’essaie de trouver un rythme (certes lent) pour atteindre le sommet. Au-dessus de 3500m ça a été vraiment difficile! J’étais vraiment très lent et j’ai dû régulièrement m’arrêter pour atteindre le sommet au mental… Je ne faisais honnêtement pas le malin et j’étais pas certain d’y arriver. D’ailleurs, sur les 650 derniers mètres de d+, David a du me prendre qqch comme 30-45 min 😉 #locomotive




Je déchausse les skis juste au pied du sommet pour faire les derniers mètres un peu plus raide à pieds (pas eu besoin de sortir les crampons). Et là devant moi s’offre le plus beau panorama qu’il m’a été donné de voir jusqu’à maintenant dans les alpes: La splendide arrête nord du Weisshorn!
La claque visuelle. C’est vraiment trop beau. Quelle belle récompense après cette loonngguueeee montée! Après je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il faut quand même une sacrée caisse pour encore se taper toute l’arête jusqu’au sommet du Weisshorn. Mais bon, c’est pas au programme de cette sortie lol 😉 . Comme la météo est radieuse et la température plutôt clémente, on reste là-haut un bon moment pour profiter de ces paysages uniques.




Si vous n’avez pas envie de faire l’ascension du Bishorn par vos propres moyens, n’hésitez pas à faire appel à un guide professionnel pour cette ascension. Pour ce faire on vous recommande la plateforme Explore-share qui met en contact depuis de nombreuses années des passionnés d’aventures avec des guides locaux certifiés (sans passer par des agences).
Variantes pour la descente du Bishorn jusqu’à Zinal
De notre côté, on a fait la descente par l’itinéraire de montée mais je vous met quand même les autres options avec les liens vers les pages Camptocamp qui couvrent le sujet.
Par l’itinéraire de montée
Difficulté ski: 2.2 / E1
Pas de doute de notre côté, on va redescendre par l’itinéraire de montée (le plus facile) vu qu’on est déjà bien entamés. 2ème récompense après la vue du sommet, la face NW du Bishorn est en belle poudreuse sans aucune trace! C’est la toute grande classe mais j’ai déjà plus de cuisses en arrivant à la cabane de Tracuit. Petite pause gâteau obligatoire 😉


Par contre en-dessous de la cabane, c’est exposé SW et on arrive rapidement dans de la neige bien lourde et mouillée (rien d’anormal à la fin du mois d’Avril 😉 ). On est descendu dans la pente juste au sud de la cabane (pas par le col de Tracuit) pour ensuite rejoindre l’itinéraire de montée juste au-dessus du torrent du Barmé.
On a du remettre les peaux 2 fois sur le reste de la descente (pour remonter au petit col puis tout le vallon de la Lé)… Mais je ne vais pas mentir, j’ai souffert dans la soupe et à la fin, je n’arrivai pas à faire plus de 4 contours à la suite tout en essayant d’éviter les cailloux lol .

Par le couloir W
Difficulté ski: 5.2 / E3
Là c’est pas du tout le même délire. Bien plus engagée et exposée, cette descente n’est pas du tout du même calibre. Personnellement je ne m’engagerai pas dedans sans être monté aussi par le couloir pour voir les conditions.
Par le col de Milon et la cabane d’Arpitettaz
Difficulté ski: 3.1 / E1
Enfin on termine par une variante en-dessous de la cabane de Tracuit. Après la 1ère pente sous la cabane, vous devrez prendre plein sud en direction de la crête de Milon et son col Est. Si vous choisissez cette option vous devrez remettre les peaux pour remonter environ 300m de d+. Autant vous dire qu’on avait déjà assez fait de dénivelé pour la journée et qu’on n’a pas vraiment envisagé cette option.
Après le col, vous rejoindrez la cabane d’Arpitettaz depuis laquelle vous redescendrez jusqu’au fond du vallon de la Lé. Plus de détails sur cet itinéraire sur Camptocamp.
Voilà c’est tout pour ce topo de ski de rando, le 1er en dehors du Val d’Hérens 😉 . Si vous avez des compléments à ajouter ou des remarques à faire, n’hésitez pas à me laisser une commentaire ci-dessous 🙂 .
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