Si vous commencez à vous intéresser au ski de rando, il y a de fortes chances que vous vous mettiez à lire des topos de ski de rando sur différents sites comme Camptocamp, les sites des clubs alpins ou même des blogs comme le nôtre. Tous ces sites utilisent différents types de cotations pour évaluer la difficulté des sorties en ski de rando. Il est donc important de comprendre ce que ces cotations représentent et qu’au fur et à mesure de vos sorties, vous vous fassiez une idée plus précise de ce que vous êtes capable de faire.
Ci-dessous vous trouverez donc les systèmes de cotation que j’ai vu le plus souvent sur les différents topos. En espérant que ça vous soit utile.
La cotation Toponeige
C’est la cotation que j’ai vu le plus souvent sur les différents sites de ski de rando. Ce système a été popularisé par Volodia Shahshahani (auteur du premier ouvrage Toponeige aux éditions Volopress, une collection référence en ski de rando) et est la cotation la plus complète à mon avis. Du coup, c’est aussi celle que j’ai décidé d’utiliser sur notre blog.
Ce système de cotation se compose de 3 échelles principales qui, combinées, donnent la cotation toponeige:
- la cotation technique ski (cotation de descente)
- la cotation marche
- la cotation exposition
la cotation technique ski (cotation de descente)
Cette échelle se divise en 5 niveaux. Les 4 premiers ont chacun 3 subdivisions (2.1, 2.2 ou 2.3) et le 5ème niveaux reste quand à lui ouvert vers le haut avec un maximum à 5.6 pour le moment. Voici ce que chaque niveau représente:
- 1.1, 1.2, 1.3: Descente d’initiation avec une pente inférieure à 30 degrés, un dénivelé inférieur à 800m, pas d’obstacles (passages étroits, arbres) et un risque d’avalanche faible.
- 2.1, 2.2, 2.3: Descente peu difficile techniquement avec des pentes inférieures à 35 degrés mais le dénivelé ou l’exposition peuvent être importants.
- 3.1, 3.2, 3.3: Descente en terrain alpin avec de plus longues pentes à 35 degrés, peut-être même de courtes sections à plus de 40, passages en forêts assez dense. L’exposition est importante et un excellent niveau de ski est nécessaire.
- 4.1, 4.2, 4.3: On passe dans le ski de couloir avec des pentes longues (plus de 200m) supérieures à 40 degrés avec des passages courts à 45-50 degrés (crampons et piolet peuvent être nécessaires). Terrain de moyenne montagne accidenté avec des forêts très denses.
- 5.1, 5.2, 5.3… (ouvert vers le haut): Ski extrême avec des longue pentes 45-50 degrés (plus de 300m) ou des passage à plus de 50 degrés (sur 100m). Vous devez avoir vos crampons et votre piolet dans le sac (mieux vaut avoir une petite corde aussi) Ce niveau est ouvert vers le très haut niveau pour des itinéraires d’une difficulté extrême.
Exemple d’un couloir situé sous la cabane des Vignettes en Suisse côté 4.2 pour vous donner une idée:




la cotation de marche (ou cotation de montée / alpinisme)
C’est l’équivalent de la cotation d’alpinisme mais adaptée aux montes en ski de randonnée et elle se divise comme suit:
- F(+), Facile: Pentes jusqu’à 30 degrés avec une faible exposition et un terrain facile (peu d’obstacles, quasi pas de conversions nécessaires)
- PD (- +), Peu difficile: Pentes dès 30 degrés avec une exposition assez faible (courtes glissades possibles mais qui se terminent en pente douce). Le terrain est peu difficile mais les conversions deviennent nécessaires.
- AD (- +), Assez difficile: Pentes dès 35 degrés avec une exposition plus marquée (risques de glissade avec possibilité de freiner, blessures possibles). Le terrain se complique et une bonne maîtrise des conversions est nécessaire.
- D (- +), Difficile: Pentes dès 40 degrés avec une exposition marquée (risque de glissade débouchant parfois sur des pentes raides). Le terrain devient technique et une excellente maîtrise des conversions est nécessaire (certain passages pourraient vous obliger à déchausser).
- TD (et au-delà comme ED ou EX): Pentes dès 45 degrés que l’on ne peut gravir qu’avec les skis sur le sac à dos, donc non skiées à la montée.
Ci-dessous quelques images du sommet du Sasseneire (côté AD+) où on a du quand même enlever les skis pour atteindre le sommet




La cotation d’exposition
La cotation d’exposition prend en compte uniquement les conséquences pour le skieur en cas de chute (et pas les risques de chutes de pierres, séracs). C’est une donnée importante car en ski alpinisme, on skie sans assurage contrairement à l’escalade, ce qui peut augmenter la difficulté de la course. Il y a 4 niveaux d’exposition:
- Exposition 1: Pas de gros obstacles à noter et le risque de blessure est présent uniquement si la neige est dure et la pente un peu plus raide.
- Exposition 2: S’il y a un couloir, il est large mais peut être interrompu de petites barres rocheuses. A cause des obstacles potentiels (risque de percussion), une chute peut rapidement devenir dangereuse (mais pas forcément)
- Exposition 3: Pente raide et couloirs étroits avec passage au-dessus de falaises importantes. En cas de chute, le danger est très important (danger de mort possible)
- Exposition 4: Chute interdite avec des parois très hautes et des rebonds multiples… mort quasi certaine
La cotation ski (ou cotation Traynard)
Cette cotation inventée par Philippe Traynard est toujours utilisée dans certains ouvrages et indique la difficulté du passage le plus technique lors de la descente. Elle est en général utilisée en association avec la cotation d’alpinisme (ou cotation de montée). Elle est divisée en 7 niveaux:
- S1: Itinéraire très facile où on peut évoluer en toute sécurité sans technique particulière (route de forêt par exemple)
- S2: Pentes larges et pas très raide (25 degrés) où il faut simplement maîtriser les dérapages et les virages en toutes neiges.
- S3: Pente assez raide jusqu’à 35 degrés (piste noire en neige dure) où il s’agit d’avoir la maîtrise technique nécessaire pour évoluer dans tous types de neige.
- S4: Pentes jusqu’à 45 degrés (si l’exposition n’est pas forte), jusqu’à 40 degrés si l’exposition est plus forte où une excellente technique de ski devient indispensable. C’est l’entrée du ski alpinisme
- S5: Pentes entre 45 et 50 degrés si l’expo n’est pas trop forte, à partir de 40 si forte exposition il y a. Mieux vaut avoir vos crampons et votre piolet dans le sac.
- S6: Au delà de 50 degrés (l’exposition est le plus souvent forte dans ce genre de pente). Prenez aussi un bout de corde dans votre sac à dos.
- S7: Passage à 60 degrés ou plus avec saut de barres rocheuses en terrain très raide et exposé.
Remarques et limitations
Une des principales limitations des systèmes de cotations c’est qu’ils ne tiennent pas compte de la qualité de la neige qui peut avoir une influence massive sur la difficulté d’une course. Imaginez un beau couloir à 40-45 degrés. Dans une belle neige bien poudreuse, la difficulté d’une telle pente peut être ressentie plutôt autour des 2 voir 3 (cotation de descente toponeige). Mais prenez la même pente en neige dure et glacée, la difficulté ressentie peut monter dans les plus hauts niveaux de 5.
Exemple du même passage en conditions de neige différente sur la montée du Pigne d’Arolla (c’était beaucoup plus facile sur la photo de gauche):


Les systèmes de cotation ne tiennent aussi pas compte de la quantité de neige sur un itinéraire. Certaines courses peuvent être plus difficiles en cas de faible enneigement à cause de cailloux qui pourraient ressortir. On peut chuter lourdement en touchant un cailloux et mine de rien, ça ne fait jamais plaisir d’abîmer ses skis de la sorte.
Enfin, aucun système de cotation ne peut avertir du danger d’avalanche. Vous aurez besoin en complément des informations du bulletin de neige mais aussi de préparer votre sortie à la maison à l’aide d’une carte pour repérer les endroits critiques. Les observations faites sur le terrain et l’expérience sont aussi des éléments essentiels pour minimiser les risques d’accidents liés aux avalanches en ski de rando.
Voilà j’espère que ce petit article qui clarifie les différents systèmes de cotations en ski de rando vous aura été utile. J’y ferai souvent référence dans les topo des différentes sorties que je partage avec vous sur le blog.
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